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La responsabilité historique des chorales : approche socio-catéchétique

Publier le 29 février 2016

Abbé Joseph Boudzoumou

Dans beaucoup de nos paroisses aujourd’hui, on trouve plusieurs chorales : deux, voire trois. Et si l’on ajoute à cela, les chorales affiliées aux mouvements d’apostolat comme : la Confrérie Sainte Rita, le Renouveau charismatique, l’archiconfrérie Notre-Dame du suffrage, la Confrérie Saint Michel, etc., leur nombre ne va que croissant. Complément ou diversification ? Une chose est sûre : c’est que cette réalité tend à s’affirmer et à s’uniformiser un peu partout.

Dans la plupart des cas, malheureusement, il arrive que la cohabitation soit beaucoup plus conflictuelle qu’apaisée. Les conflits de complexes ou de compétences, tacites ou voilés, déclarés ou ouverts peuvent surgir à tout instant. Il est pourtant indéniable que les chorales jouent un rôle non négligeable dans nos paroisses, dans notre Église et dans nos sociétés en quête du mieux-être spirituel. Faudrait-il alors rappeler, ici, la vocation première de la chorale dans la vie pastorale de l’Église et sa mission évangélisatrice par le chant et le témoignage chrétien ?

Les chorales sont présentes dans les fêtes et les deuils au sein de nos familles, pour agrémenter ou pour compatir. Elles sont parfois invitées à animer des manifestations et des cérémonies culturelles ou politiques. S’il est donc vrai que les chorales jouent un rôle de socialisation des masses populaires, il n’en demeure pas moins qu’elles ont, avant tout, une mission d’évangélisation, donc une mission ecclésiale. Ce qui signifie qu’elles sont missionnaires à plus d’un titre et qu’elles doivent réellement l’être. Se pose alors la question de la qualité de leurs rapports avec les responsables de la structure paroissiale et le type de rapports internes existant entre la hiérarchie et les différentes composantes qui constituent ces groupes. Que de chorales suspendues ou dissoutes, parce que n’entretenant pas de bons rapports avec leurs responsables hiérarchiques ! Ces crises surviennent souvent à la suite d’un refus d’obtempérer, d’un malentendu ou d’une erreur disciplinaire. Ce qui ne devrait pourtant pas arrivé souvent !

Fort malheureusement, nos chorales ont beaucoup à faire pour s’amender et pour enrichir la qualité de leurs répertoires, d’un point de vue théologique, catéchétique et même artistique. Certes, on reconnaît l’arbre à ses fruits. De même, on doit apprécier une chorale, non à la seule beauté artistique de ses représentations, mais surtout par rapport à la qualité de ses chants et à sa discipline.

Dans beaucoup de nos paroisses aujourd’hui, les chorales ont vieilli, à tel point qu’elles se sont renfermées sur elles-mêmes. Jusqu’à un certain âge, désormais, les choristes ne prennent plus leur retraite pour se retirer, afin de regagner d’autres mouvements d’apostolat d’adultes qui les attendent. Du coup, les plus jeunes n’y entrent plus, parce que n’y trouvant plus de place pour mieux s’émanciper ; sinon très peu.

Il y a aussi l’influence des adultes qui peut noyer les jeunes. Nous savons tous qu’autrefois, les chorales grouillaient de nombreux jeunes. Mais, dans la plupart des chorales aujourd’hui, la masse d’adultes est de loin supérieure à celle des jeunes. N’en déplaise à certains !

Les chorales ont tendance à ressembler à des Fraternités ou à des mutuelles. Le risque est permanent. La conséquence logique est qu’au regard de leurs responsabilités sociales, familiales et parfois conjugales, les adultes ne peuvent pas toujours honorer leurs engagements. Du coup, nous constatons des retards, voire des absences répétées ou prolongées aux réunions, aux répétitions, aux récollections et aux pèlerinages ou « sorties ».

Les résultats quant au rendement s’expliquent par eux-mêmes. Nous pensons que l’engagement dans une chorale est un engagement conséquent et permanent et non saisonnier ou occasionnel. Selon toute vraisemblance, nous pouvons affirmer que si les chorales ne se ressemblent pas, les choristes ont tendance à se ressembler.

Nous entendons par là : les choristes, où qu’ils se trouvent, ont souvent affiché le même comportement. Dans bon nombre de cas, nous avons constaté que lors de la préparation des grandes fêtes comme Noël et Pâques, ou pendant les anniversaires et les fêtes patronales, les choristes mettent tout leur sérieux à les préparer. Cependant, une fois la fête passée, c’est le relâchement total qui prend le dessus. La motivation tombe, comme si tout devrait s’arrêter pour reprendre à zéro. La reprise est lente et difficile, pour retrouver l’harmonie dans la vie du groupe.

Au-delà de toutes ces considérations socio-anthropologiques, tout choriste est appelé à cultiver un esprit de disponibilité et de groupe, qui constitue un atout nécessaire et vital. L’exercice de la charité passe aussi par là. Pour ce faire, une bonne préparation spirituelle est aussi nécessaire qu’indispensable pour chaque choriste, avant de se prêter à un exercice d’animation liturgique quelconque. Cela implique qu’il faut chanter avec le cœur et non seulement avec les lèvres et la bouche ; c’est-à-dire avec passion, motivation et conviction, le tout dans une attitude de prière.

En effet, il faut comprendre le chant comme une catéchèse qui invite à l’instruction, à la prière et au témoignage. Connaître ses motivations : pourquoi et pour qui l’on voudrait chanter ? Cela permet d’éviter l’aspect folklorique, l’improvisation et de bien se concentrer. Alors, chanter devient un devoir noble qui rejoint le chœur des anges dans le ciel. Ainsi donc, « Si le chant n’est pas là pour faire prier, que les chantres se taisent. Si le chant n’est pas là pour apaiser le bruit intérieur, que les chantres s’en aillent. Si le chant n’a pas la valeur du silence qu’il a rompu, qu’on me restitue le silence » ; disait Joseph Samson dans son livre intitulé : On n’arrête pas l’homme qui chante.

Nous pensons donc que les chorales ont une responsabilité historique dans l’accompagnement du chant religieux. Cette responsabilité est individuelle tout en étant propre à chaque membre ; en même temps qu’elle est collégiale à l’ensemble du groupe qui, de ce fait, est un haut lieu de catéchèse et de moralisation de la société. Notre approche socio-catéchétique est une analyse sociologique qui part d’une observation du vécu et de l’action des chorales, mais c’est en même temps une sorte de conscientisation des acteurs de la liturgie que sont les choristes et l’assemblée elle-même.

Que les choristes et leurs aumôniers en viennent donc à considérer cette approche, non comme une critique de dénigrement, mais plutôt comme une contribution à leur apostolat dans l’Église et dans la société. Au moment où l’Église universelle met l’accent sur l’urgence d’une «  Nouvelle évangélisation  », force est pour nous de prendre conscience d’une telle exigence qui se voudrait d’imprimer une nouvelle impulsion apostolique et missionnaire dans l’évangélisation des peuples et nations. Chacun de nous est donc appelé et interpelé à revisiter ses pratiques, ses méthodes et sa pédagogie, en vue d’un apostolat plus fécond ; aux fins d’un témoignage plus responsable. Aidons donc nos chorales à devenir de véritables champs d’action apostolique et d’évangélisation permanente ; pour qu’elles ne se transforment pas en mutuelles ou en de lieux de trafics et de business religieux. Ayons à cœur le désir, le souhait et l’ambition d’oser assister nos chorales, pour qu’à travers leurs prestations l’homme spirituel puisse grandir de l’intérieur et contempler les réalités d’en haut.

Abbé Joseph BOUDZOUMOU
Service diocésain de la catéchèse (Brazzaville)


 

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